Est-ce être Amazigh (Berbère) menace la stabilité de l’état ?
Azul Fellawen
Depuis ma naissance, je ne parlais que le Kabyle, qui est un dialecte de Tamazight, la langue originaire et ancestrale de toute l’Afrique du nord ; des iles Canaries en Atlantique de l’Ouest aux iles SIWA en Egypte de l’Est et de la mer Méditerranée du Nord à la Rivière du Niger au Sud dans le grand désert.
Ensuite, une fois à l’école à l’âge de 6 ans, tout excité de commencer mes études, j’étais confronté avec une langue étrangère qu’est l’Arabe. Une langue que je ne connaissais pas puisque mes parents ne la parlaient pas, car eux aussi ne la connaissaient pas.
On s’y forçait pour apprendre une nouvelle langue, ce qui était excitant car tout ce qui est nouveau est beau, mais on ne m’avait jamais appris la mienne. J’essayais de comprendre pourquoi, mais je m’y perdais en tentant de cerner la raison.
Quand j’avais eu mon Baccalauréat en Arabe à l’âge de 18 ans, hyper content de réussir dans mes études, j’étais admis à l’université pour continuer et approfondir mon savoir dans la technologie, mais encore une fois, ils m’avaient surpris que maintenant tout ce que j’avais appris en Arabe ne servait plus à rien et qu’à partir de maintenant je devais tout refaire en une autre langue, qu’est le Français, quoi !!?? Mais pourquoi !!??
J’étais forcé d’apprendre une troisième langue si je voulais finir mes études et avoir ce fameux diplôme d’Ingénieur d’état. Beaucoup de mes amis dans ma classe avaient abandonnés leurs études vu qu’ils n’assimilaient une autre langue étrangère à nous tous ; beaucoup d’autres avaient refait la même année plusieurs fois.
Avec beaucoup de courage et de persévérance, j’avais réussi à apprendre une autre langue et donc de poursuivre mes études. Vers la fin de la dernière année jusqu’au grand jour où j’ai eu mon diplôme.
Mais …, on ne m’avait jamais appris la mienne, Le Kabyle ou Tamazight.
Par manque de travail en Algérie, je devais trouver une solution et vite. Comme la plupart des Algériens, la solution était, et l’est toujours, de quitter le pays vers de meilleurs horizons. Je devais une autre fois apprendre une 4ème langue, qu’est l’Anglais afin que je puisse vivre dans le pays à l’aise et avoir un bon travail.
Aujourd’hui, je me retrouve à l’étranger en ne maitrisant aucune langue y compris celle de mes parents et de mes ancêtres. Qui dois-je blâmer pour ce résultat catastrophique de toute une nation ??!!
Aujourd’hui encore, un des plus grands responsables de l’état Algérien déclare en toute impunité que se montrer être Amazigh, avec toutes ses couleurs, est une atteinte à l’unité nationale.
Vraiment ! Je rêve ou quoi ?
Je suis un Amazigh dans chaque goutte de mon sang, j’en suis fier, et donc je le clamerai haut et fort jusqu’à mon dernier souffle.
Rédigé par Hacene B. pour BerberoSaharan.com le 28/06/2019